CPE

Au-delà de la question de la pertinence du CPE pour résoudre la dramatique question du chômage des jeunes, la situation actuelle pose deux problèmes essentiels pour l’avenir.

Au-delà de la question de la pertinence du CPE pour résoudre la dramatique question du chômage des jeunes, la situation actuelle pose deux problèmes essentiels pour l’avenir.

Le premier n’est pas nouveau. Quel est l’avenir de la démocratie représentative ? La loi s’appliquera dit le Premier Ministre. La rue s’exprimera dit le président de L’UNEF. Très clairement, on met sur le même plan le vote régulier d’une assemblée, assorti – quoiqu’on dise d’un long débat – et l’expression de la rue et d’assemblées générales étudiantes dont la régularité démocratique laisse à désirer. Ce genre de situation fait en général le bonheur des extrémistes. Ceci est d’autant plus regrettable que dans un peu plus d’un an, des élections présidentielles et législatives vont avoir lieu et que chacun pourra s’exprimer. Veut-on revivre le 21 avril 2002 ?

Le second problème n’est pas plus nouveau. Dans toutes les conversations, on regrette l’incapacité de notre pays à se réformer. Notre modèle social doit impérativement s’adapter sous peine de sombrer. Un projet de réforme arrive. Certes, il est nouveau (heureusement car depuis trente ans les actions contre le chômage n’ont pas été une réussite). Certes, il innove en matière de droit du travail mais il ne fait tout de même pas disparaître les garanties du salarié qui sont même plus importantes que le jeune qui actuellement enchaîne les CDD de mois en mois.

Si notre pays ne résout pas rapidement ces deux problèmes, on peut alors craindre pour l’avenir de la France, de la République et de la démocratie. Que ceux qui me trouvent pessimistes relisent leur manuel d’histoire.

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Auteur/autrice : Laurent DEJOIE

Laurent DEJOIE Notaire Président de l'Association du Notariat Francophone Vice-président du Conseil Régional des Pays de la Loire

11 réflexions sur « CPE »

  1. Seuls sept poilus seraient encore en vie! Ils sont heureusement beaucoup plus nombreux ceux qui ont combattu lors de la dernière guerre mondiale et qui n’oublieront jamais que c’est par un acte démocratique qu’ Hitler obtint tous les pouvoirs . Mon père ; décédé il y a deux ans était de ceux là , et ce n’est pas avec un manuel d’histoire qu’en avril 2002, il nous rappelait une nouvelle fois (ses six enfants) que le peuple allemand en 1933 avait approuvé par 90% de oui ; que soit confié à ce dictateur les fonctions de chef d’état en plus des fonctions de chancelier qu’une droite conservatrice lui avait déjà cédé. Et il partait en larmes ne pouvant plus ajouter un mot. Laissons là aussi les historiens faire leur travail sur la puissance de la propagande.
    Il nous avait aussi souvent parlé des évènements de 36 , un gigantesque mouvement ouvrier avec de nombreux slogans de lutte contre le fascisme , contre la guerre et pour une autre société. Notre mémoire sur cette période n’y rattache que congés payés ou semaine de 40 heures . Et moi , citoyen libre, pour ne pas être en reste, j’ai eu droit à mon mai 68 . Je n’en suis pas fier : la France allait connaître une dévaluation de sa monnaie marquant ses difficultés économiques et plus grave , le marxisme reprenait place dans les écoles et dans les universités. C’est tout ce que personnellement j’en retiendrai . Les accords de Grenelle : une rigolade en regard de la période d’inflation dans laquelle nous nous installions. Mais la rue avait gagner comme ont gagné ceux qui l’animaient , c‘est ce qu‘il faut retenir et ce qu‘ont bien retenu les jeunes leaders socialistes et autres extrémistes qui voient là une première reconnaissance. Ils ne tarderont pas à être bientôt sur les prochaines listes de candidatures à des fonctions représentatives démocratiques , eux qui empêchent ceux qui veulent étudier de le faire.
    Alors que signifie démocratie représentative aujourd’hui ; quand (oublions 2002) chaque élection se joue à 1 ou 2 % près en moyenne , que nous venons de vivre 20 ans de cohabitation, et que l’alternance semble devenir un principe ,une règle, une bonne chose disent même certains hauts personnages publics de tous milieux . L’homme politique a bien perdu de son aura ; où sont les valeurs de référence que représentaient jadis le Député ,le Maire , le notaire, le curé, l’ancien appuyé sur sa canne .La rue n’est-elle pas la seule opposition dés qu’un gouvernement utilise le 49-3 (attention ,danger). Et les médias -journaux , radios, télévisions respectent-ils cette démocratie représentative ?
    Oui j’ai mal à ma démocratie et je ne trouve pas de médecin et tant que nous n’aurons pas trouver le remède, parler de réformes me paraît aujourd’hui malheureusement illusoire. (des remèdes : non cumul et limitation de renouvellement de mandats , égalité et parité hommes femmes, parité intergénérationnelle ou age limite des élus , ramener à quatre ans tous les mandats ou confirmer un vote à mi-mandat ……je délire dites-vous ? J‘arrête ) .
    « La dictature, c’est ferme ta gueule, la démocratie représentative, c’est cause toujours (Coluche) ».

  2. Je suis tout à fait en phase avec l’application du CPE car tout ce qui peut permettre à un jeune de trouver un emploi est bon.
    En tant que parent, j’ai donné dans les différents stages et j’ai pu constaté que les jeunes qualifiés sont exploités, mal payés et ce sont clairement les parents qui financent l’emploi des entreprises.
    En tant que modeste employeur, j’ai toujours exigé qu’on rémunère nos stagiaires aux débours de leurs frais.
    Il me parait nécessaire que le licenciement d’un jeune en CPE soit MOTIVE.
    C’est une nécessité absolue pour un jeune de savoir pourqui on ne veut plus de lui.
    C’est bien sûr pédagogique et lui permettra de rectifier le tir pour ses prochains emplois et quelqu’en soit le motif: absentéisme, incompétence, etc…
    Toute rupture de contrat doit être justifié.

  3. Dommage tous ces jeunes qui contestent sans rien connaître du monde du travail et par blocus empêchent ceux qui ont envie d’aller en cours pour être plus vite sur le"terrain". En tant que très modeste employeur je trouve que le CPE est une bonne réforme et qu’après 2 ans un jeune qui connaît le mode de fonctionnement et les rouages d’une entreprise et qui a "donné" ne peut que garder son emploi. C’est l’intérêt de l’entreprise.

  4. J’adhère au diagnostique de Claude vcv. Beaucoup moins à tous ses remèdes.
    Quelques précisions :
    L’aritlce 49-3 est certes trop utilisé. Mais que faire lorsque des milliers d’amendements bidons sont déposés. Cette double manoeuvre n’est qu’un jeu politique derrière lequel il me semble illusoire de voir toute dérive despotique.
    Le véritable totalitarisme provient des preneurs d’otages que sont les commandos anti-CPE. Aujourd’hui les universités ne transmettent plus aucun savoir (certaines depuis plus d’un mois) avec la complicié active de professeurs et même de Présidents d’Université (et là c’est très très grave) ; les locaux sont occupés et transformés en micosociétés basées sur l’autogestion au frais du contribuable ; les Restaurants Universitaires sont envahis au nom de la lutte ; les votes vérirablement démocratiques sur le blocus sont perturbés, rendus impossible, voire non reconnus, au profit d’Assemblées Générales à l’arrière goût de déjà trop vu et d’Internationale ; les routes et les chemins de fer sont occupés…
    On peut se réjouir ou s’indigner, trouver cela disproportionné ou sympathique, estimer que c’est bien fait pour le gouvernement ou s’écrier "que fait la police", être pour ou contre le CPE, toujours est-il qu’aujourd’hui, l’unique question est : soutenez-vous ces mouvements étudiants ? Si oui, je vous prescris un petit voyage à Cuba ou en Corrée du Nord, comme piqure de rappel, car c’est bien dans les mythes marxistes, jamais abandonnés, qu’il faut chercher les sources de ces dérives, et pas simplement dans le refus d’un nouveau type de contrat considéré il a peu encore par les français, comme une bonne solution.

  5. Les étudiants ont une attitude immature et irresponsable, ils n’ont pas conscience de la difficulté de notre société, ils vont rapidement en faire l’expérience à leurs dépens, malheureusement…

  6. Petite expérience amusante matutinale:
    Passant devant un collège sur le chemin du tramway, un petit nombre de djeunes avait entassé devant la porte de l’établissement, des cartons, des poubelles et quelques "caddies" du Lidl voisin.
    Sur une grande pancarte en carton, une main avait écrit, je cite:
    "Le travaille est une exploitation".
    Une main avait ensuite raturée le fameux "LE" de trop à la fin du mot travail.
    Au delà du sourire qui a éclairé ce début de matinée, je me suis interrogé pour connaitre les raisons d’une telle faute.
    Voulait il dire, je travaille ou il travaille, ou Travaille!
    Etait ce une étourderie et le jeune pris dans sa fougue d’une mobilisation et d’une rage anti Villepin s’était un peu emporté?
    Etait ce une banale faute d’orthographe traduisant la nullité crasse d’un élève peu habitué à assister aux cours et en situation difficile ce qui ne donnerait pas une très bonne image de notre éducation nationale.

    La France, si prompte à donner des leçons au delà de nos frontières ne devrait elle pas s’interroger sur ce triptyque, solidaire, aboutissant à l’innovation et à la création de valeur : Formation (écoles et universités) – Recherche (labos) – Entreprises.

    Je vous souhaite une bonne journée de réflexion.

  7. A Nantes, aujourd’hui jeudi, les blocus se sont étendus jusqu’au lycée. Je suis en seconde et nous étions 16 en classe (au lieu de 32…). Pourtant, dans les discussions PERSONNE n’a les moyens de dire si c’est bien ou pas à note niveau et même peut-être personne au monde comme nous ne sommes pas devins. De plus, les tramways étaient bloqués et des élèves avaient presque 1h00 de retard… Je trouve que c’st un joyeux bazar et que les étudiants et les lycéens en font (beaucoup) trop. Donc boycotter les cours oui mais avec des arguments !

  8. Merci ANTHONY de vos commentaires qui nous permettent de poursuivre un sympathique dialogue ; j’aurais aimé dire débat , patientons , l’idée « blog » avance à petits pas !

    Je ne pense pas que le 49-3 soit trop utilisé . Simplement que son principe ne me paraît pas compatible avec la notion de démocratie même si tout blocage de proposition de loi par le dépôt d’un volume d’amendements démesuré puisse en être le principal motif quant à son recours. N’y a -il pas une autre manière d’apporter un projet devant la représentation nationale par exemple dans des formules qui donneraient plus de responsabilités, plus de visibilité , plus de reconnaissance au travail des commissions (sous réserve bien sûr d‘avoir travaillé en amont sur toutes ces propositions de loi). L’assemblée sanctionnant ce travail.
    La question posée est l’avenir de la démocratie représentative : élection par le peuple de ses représentants dans une institution (état, région, département, commune mais aussi syndicat, association etc…..). Dans tous les lieux où s’exerce cette représentation (le parlement, le conseil municipal, le conseil d’administration ,les réunions patrons /syndicats) ce devrait toujours être ,selon moi ; la recherche d’un compromis, des décisions qui devraient satisfaire le plus grand nombre. Malheureusement, ce ne sont que lieux d’expression de désaccord , expression violente parfois (verbalement heureusement) ou celle d’une dictature de la majorité en place sur l’opposition (la gauche quand c‘est la droite, la droite quand c‘est la gauche). Et comme représentation est synonyme de théâtre, tous les cinq ans , on va changer ; non pas la pièce; mais les acteurs .Et voilà comment certains deviennent intermittents du spectacle politique toute une vie .
    La politique c’est la mise en œuvre de règles , de principes qui assurent à chacun et à la collectivité le simple fait d’ ETRE , D’EXISTER, (en langage moins humaniste, on parlera de lois)et qui doivent s’appuyer sur des valeurs comme le respect de l’individu , de sa liberté, des valeurs de solidarité , d’égalité de traitement dans l’accès a la santé , à la culture, au travail et quel que soit son âge, la couleur de sa peau ou sa religion .C’est la définition que j’en donnerais. La politique ne doit pas imposer une conception d’un type de société , la rue non plus même si elle s‘enorgueillit de quelques résultats .
    La question (pour moi simple citoyen ) n’est pas de savoir si oui on non, nous soutenons le mouvement étudiant ou serait-t-il mieux de dire de ces quelques étudiants qui ont justement choisi la rue pour s’exprimer sur l’offre qui leur est faite .
    Ce n’est pas non plus celle posée à un Président d’université . Quand il demande que tout soit fait pour assurer les cours, il exerce sa responsabilité, quand il demande que soit revu ou discuté le CPE parce que c’est là l’achoppement, me paraît là aussi une position responsable et courageuse dès lors qu’elle ne vient pas s’inscrire dans les réparties théâtrales que j’évoquais ci-avant, mais comme vous, je trouve scandaleux ce soutien d’un président d’université comme celle de Nantes quand il déclare qu’ils (les étudiants) n’ont pas d’autres moyens de se faire entendre.

    Je vais donc poursuivre dans mon délire. C’est à près de 60% que les jeunes de moins de 26 ans s’abstiennent dans les diverses consultations électorales . En France , seule l’inscription sur les listes électorales est obligatoire . Pourquoi ne pas rendre le VOTE obligatoire . C’est le cas dans bien des pays tout aussi démocratiques . Une manière de redonner un peu plus de légitimité à nos élus et un engagement plus responsable.

    En Allemagne, le recours à la grève est très modéré voire très épisodique. La tradition est le dialogue social et les syndicats (bien qu’en perte de vitesse depuis la réunification) y sont très forts par le nombre de leurs adhérents. Le plus grand conflit récent a eu lieu en mars 2003 : une interruption de travail de 45mn à la Deutsche Bahn. Ce qui caractérise notre beau pays par rapport aux autres, c’est cette culture de l’affrontement ou de la confrontation, le dialogue arrive souvent après .Puisse celui relatif au CPE s’engager sans idéologie. Et donnons plus de représentation aux syndicats , c’est aussi un devoir politique.

  9. Mon cher Claude, vous êtes un sacré prolixe !!! Mais c’est avec grand plaisir que j’échangerai sur ce sujet avec vous, grand passionné des institutions et de la vie politique que je suis.
    J’ajouterai que cette question n’est pas dénuée de rapport avec notre histoire du cpe, enfin, de la contestation étudiante. A suivre donc plusieurs petits commentaires :

    1 / les jeunes :

    Comme vous l’énonciez dans votre mot, les jeunes votent peu (60% des jeunes de moins de 26 ans s’abstiennent) et encore moins lors des élections universitaires (ce qui vous laisse imaginer la représentativité de ceux que nous voyons à la télé. Bref.). Pire, lorsqu’ils votent, mais c’est bien leur droit, ils donnent leurs suffrages aux partis extrémistes.
    J’ai toujours été partisan d’un vote obligatoire. Mais pour être vraiment efficasse, il faudra enfin prendre en compte le vote blanc. A nos candidats d’assurer le minimum d’engagement de nos concitoyens.
    Mais il y a peut être une donnée qu’on ne prend pas assez en compte, c’est la naissance d’une conscience politique. Celle-ci est loin dêtre évidente à 18 ans. Etant passer pas là il y a peu (bientôt 8 ans, et oui comme le temps passe vire … Adieu acnée tardive, stress du bac et premiers émois printaniers… Bonjour mack 3, études terminées et boîtes de nuit) je vous assure que celle-ci est alors loin d’être encore née. A cet âge, on est au mieux dans la préparation du bac, donc toujours au lycée, encore chez ses parents et avec une expérience du monde du travail quasi nulle. L’univers connu s’arrête alors aux portes du lycée, voire de la FNAC du coin (j’exagère à peine). Peu indépendant, voire compéltement dépendant (et c’est bien normal) l’avis d’un jeune sur une question d’actualité dépendra essentiellement de celui de ses proches et de la télé.
    Si j’osais, je proposerai bien de reculer l’âge légal de votation…

    2 / les syndicats :

    Paradoxe français : population peu ou pas syndiquée, mais nombre important de jours de grève. Dialogue social de plus en plus bloquer. Selon moi, les syndicats émanant essentiellement de certains lieux de travail, ils auront tendance à verser dans le clientélisme et donc la surenchère.
    La solution est ici assez simple, à mon avis : rendre la syndicalisation libre et faire cesser le monopole des quelques strucures existantes. Si les travailleurs peuvent librement choisir leurs représentants, l’investissment n’en aura que plus poids. Suite logique : des représentants de salariés qui représentent beaucoup et tous types de salariés, seront bien plus crédible et en position renfocée sans avoir besoin pour autant de tomber dans l’affrontement.

    3 / le théâtre politique :

    Bravo, excellent constat. et je dois avouer que moi aussi cette comédie permanente me fatigue. Et là, mise à part un changement de mentalité de nos élus, je ne vois guère de solution. Néanmoins pour terminer, et vous me direz ce que vous en pensez, l’électeurs recherchent ce type de comportement : il est ainsi conseiller à ceux qui veulent devenir calife à la palce du calife de jouer au roquet le plus longtemps possible et de ne proposer des idées qu’aumoment des élections. C’est ainsi que fonctionne la plus part des oppositions. Et ça marche. On en vient alors à une politique de VRP plutôt qu’à celle du débat d’idées.

  10. Je suis actuellement à la faculté et j’ai la chance de ne pas subir le blocus puisque celui-ci ne s’adresse pas aux Master II et aux diverses formations préparant aux concours.

    Cependant, je trouve inconcevable que des jeunes revendiquant haut et fort la liberté d’expression empêchent sans scrupules d’autres étudiants d’aller en cours !

    Il faut aussi dénoncer les moyens anti-démocratiques utilisés pour le vote du blocus des Universités : vote à main levée, pression des étudiants anti CPE (mais surtout anti gouvernement) et refus de procéder à un "vrai" vote (avec carte d’étudiant) où chacun pourrait s’exprimer librement…

    La faculté de Droit a été l’une des dernières à être bloquée : les autres étudiants du campus ont considéré qu’il fallait venir nous chercher et se sont amuser à venir dans la fac avec des hauts parleurs scandant divers slogans, ouvrant les portes à la volée sans se soucier de la gêne occasionnée (mais c’est ce qu’ils cherchaient) et déclenchant finalement l’alarme incendie pour que tout le monde sorte des locaux.

    Lors du vote du blocus de la faculté de Droit, ce ne sont pas les étudiants de ladite fac qui se sont prononcés puisque le vote a été fait avec des étudiants des autres facs (lettres, sciences humaines etc…) !

    Je ne sais pas s’il faut ajouter que les étudiants ne sont plus les seuls à agir au sein des facultés : tout le monde se met en grève (des lycéens et même des collégiens !), sans trop savoir pourquoi la plupart du temps, peut-être parce qu’il est beaucoup plus amusant de chahuter et de mettre un peu d’ambiance plutôt que d’aller sagement en cours…
    Désormais, même les syndicats les plus divers débarquent dans les facs pour assister aux AG ! Je ne sais pas ce qu’ils penseront de l’organisation mais toute cette histoire devient franchement grotesque !

    De plus, on ne peut pas dire que les médias aient une vision totalement impartiale du problème ! Combien ont pris la peine de préciser que le CPE était un CDI ?
    Nous arrivons alors à des dérives de langage que personne ne dénonce. Exemple : "le patron, il pourra te virer quand il veut et sans indemnité !"
    Cela est faux. Une indemnité est prévue et tout le monde oublie de dire que le salarié aussi pourra partir quand bon lui semble. Dans ce sens là, personne ne se demande quel embarras cela va causer à l’employeur ! Il aura mis divers moyens en oeuvre pour former un jeune sur lequel il ne pourra finalement pas compter !

    A écouter les manifestants, on a l’impression que les "méchants patrons" vont forcément en profiter pour "virer" les jeunes pour le plaisir !
    Personne ne se demande donc quel investissement la formation des salariés représente pour une entreprise ?
    Pour qu’une entreprise, quelle qu’elle soit, décide de se séparer de quelqu’un, il faut quand même que cette personne soit incompétente ou incapable d’effectuer le travail demandé. Elle ne va pas décider de se séparer de quelqu’un sans raison alors qu’il lui est aujourd’hui difficile de trouver des salariés opérationnels rapidement.

    Bref, je ne pense pas que le CPE soit un signe de précarité supplémentaire. Actuellement, une grande majorité des jeunes est amenée à cumuler les CDD avant de conclure un CDI et cela peut durer plus que deux ans. Si le CPE n’apporte pas un mieux considérable, on ne peut pas le "diaboliser" en considérant qu’il enfonce davantage les gens dans la précarité. Si les jeunes travaillent bien et apportent satisfaction à l’entreprise qui les emploie, il n’y a aucune raison pour que l’employeur les renvoie.

    Cependant, un des points négatifs est la longueur de la période d’essai. Je pense qu’un an aurait pu suffire, voire moins dans certaines branches d’activité.
    Un deuxième point négatif est le fait que le Gouvernement ait fait voter le texte par le biais de l’article 49-3 de la Constitution. Je pense que cela ne peut que le discréditer vis-à-vis de la population française et donner moins de légitimité à son action.

    Je concluerai en disant que notre pays semble vraiment incapable de se réformer. A chaque tentative de réforme, le Gouvernement se heurte à des Français nombrilistes qui se demandent aussitôt s’ils vont conserver leurs avantages (acquis)… Mais allons nous prendre de la hauteur ? Allons-nous cesser cet égocentrisme et voir enfin que notre pays s’enfonce de plus en plus ?

    Je citerai seulement ces mots d’un Allemand interviewé à propos du CPE : "mieux vaut travailler deux ans que d’être au chômage"…

  11. Bravo à Blandine pour son analyse que je partage tout à fait. De plus tous les étudiants sont loin d’être concernés par le CPE puisque celui-ci concerne les jeunes de – de 26 ans ne l’oublions pas. La gauche diabolise le CPE de peur peut-être qu’il ne soit une réussite avant les prochaines élections et surtout parce-qu’elle ne pourrait pas se l’approprier.

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